Dans ce cadre, nous avons pu rencontrer, sur le terrain, de nombreuses personnalités locales qui nous ont exposé les difficultés rencontrées.
Nous avons eu l’opportunité de visiter les zones de la Côte pacifique et de la Vallée du Cauca. Dans la première région, nous avons plus spécifiquement rencontré la communauté d’Esperanza et du port de Buenaventura. Dans la région du Cauca, nous nous sommes rendus à El Hoyo Patia pour visualiser, sur le terrain, les problèmes liés aux mines illégales.
Les problématiques mises en évidence sont nombreuses mais s’inscrivent toutes dans une malheureuse constante : la violation permanente des droits humains des populations locales dans un contexte d’impunité affligeant. Nous avons reçu de nombreux témoignages de violences terribles, en particulier à l’encontre des femmes et jeunes filles, d’accaparement de terres, de déplacements forcés, de catastrophes environnementales majeures. Malheureusement, ces injustices restent impunies et les différents groupes armés et/ou paramilitaires restent très actifs.
Le développement d’une économie basée sur ses exportations et l’industrie extractive est bien évidemment pointé du doigt.

Accords commerciaux, quelles conséquences ?
A l’heure de la ratification de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne – la Colombie et le Pérou, cela nous amène nécessairement à nous interroger. Quel type de développement commercial voulons nous avec ce pays ? Nous avons pu constater de nos yeux que le modèle actuel ne fonctionne pas, du moins en ce qui concerne le développement humain. Que ce modèle néo-libéral est source de désolation, de destructions et d’humiliations permanentes pour le peuple colombien.
Il est donc essentiel de mettre en place des mécanismes effectifs d’évaluation, de contrôle et de sanctions contraignantes de cet accord. Dans le cas contraire, les multinationales poursuivront leur travail de destruction massive en toute impunité. Dans ce cadre, nous plaidons pour que le groupe de suivi multi-acteurs qui doit se pencher sur la mise en œuvre du volet « développement durable » du traité puisse effectivement se réunir et travailler en toute indépendance.
Processus de paix en cours
Notre mission s’inscrit également dans un moment politique particulier pour le pays au lendemain de la victoire du « non » au referendum sur l’accord de paix entre le Gouvernement et les FARCs. Dans ce cadre, il n’est pas inintéressant de noter que les régions que nous avons visitées ont majoritairement voté, elles, en faveur du « oui ». Il ne s’agit toutefois pas d’un blanc-seing. En effet, tous nos interlocuteurs sont conscients qu’un accord de paix ne pourra avoir de sens que s’il s’attache également aux questions socio-économiques, environnementales, de bonne gouvernance … La question de la restitution des terres est, par exemple, essentielle pour pacifier le pays.
Personne ne sait aujourd’hui quel sera l’avenir de cet accord. Mais ce qui semble d’ores et déjà évident est qu’un accord sur papier est une étape mais certainement pas le but final.
Pour conclure, nous voulons pointer deux éléments essentiels en ce qui concerne ce processus de paix :
1) il sera indispensable d’accompagner son implémentation.
2) les fonds internationaux, en particulier européens, consacrés au processus de paix devront aussi servir au soutien et au renforcement des organisations de la société civile.
Ces éléments nous semblent indispensables si nous voulons que le processus de paix tienne toutes ses promesses !