Gwenaëlle Grovonius

Le Parlement a adopté ce 6 juin une résolution appelant le gouvernement belge à investir davantage dans l’éducation des filles dans les pays du Sud. Une initiative soutenue de longue date et saluée par l’ONG Plan Belgique avec laquelle je suis partie en mission au Cambodge et au Niger.

Par cette résolution, le Parlement encourage le gouvernement fédéral à davantage soutenir le secteur de l’éducation dans le cadre de sa politique internationale, et à accorder une attention particulière aux jeunes filles dans ses investissements en la matière. Pour l’ONG Plan Belgique, qui mène campagne sur cette question depuis 2010, cet appel des parlementaires vient à point nommé. Les investissements belges en éducation sont en effet toujours pas à la hauteur de ses engagements internationaux, et la Belgique n’investit directement dans le secteur de l’éducation que dans 4 de ses 14 pays partenaires. « La coopération belge a alloué 81,4 million d’euros au secteur de l’éducation en 2016. Si ce montant est supérieur à celui de 2015, il reste bien en-deçà des montants alloués de 2010 à 2014 », observe Romeo Matsas, chargé de plaidoyer de Plan Belgique. « La résolution votée aujourd’hui appelle donc le gouvernement à faire mieux. »

Au-delà des chiffres, le Parlement fédéral demande surtout qu’une attention spécifique soit accordée à l’éducation des filles dès le plus jeune âge. Pour Plan Belgique, un tel appel est fondamental car les discriminations filles-garçons restent très marquées dans l’accès à l’école. « Tous les enfants du monde, filles ou garçons, doivent débuter leur scolarité dès l’enseignement maternel, et pouvoir au minimum bénéficier d’une éducation jusqu’à la fin de l’école secondaire, tel que nous y engagent les Objectifs de Développement Durable », explique Romeo Matsas. « Malheureusement, on constate encore de grosses disparités à ce niveau, et les filles doivent abandonner bien plus massivement l’école que les garçons. Résultat : les deux tiers des analphabètes dans le monde sont aujourd’hui encore des femmes. » 

Comme co-auteure de la résolution, le vote intervenu ce mardi est un appel clair à mettre l’éducation des filles au cœur de l’agenda politique. « Il est temps que la Belgique prenne ses responsabilités » « L’éducation est un moteur d’ascension sociale et un vecteur d’égalité entre les filles et les garçons. Sans éducation, pas d’enseignement de qualité, de main d’œuvre qualifiée, de travailleurs conscients de leurs droits ou de protection sociale organisée. En bref, pas de développement, ni d’égalité. »

Adoptée ce mardi à l’unanimité au sein de la Commission Relations Extérieures, la résolution dispose d’un poids politique réel en dépit de son caractère non-contraignant. 

Cette résolution est un signal fort qui doit permettre à la Belgique de répondre à ses engagements internationaux, en particulier les Objectifs de Développement Durable consacrés à l’éducation et à l’égalité des sexes.