Gwenaëlle Grovonius

Lors des grèves menées, début octobre, par le syndicat CGSP Cheminot, les manifestants ont voulu dialoguer avec les collègues de la cabine de signalisation pour les sensibiliser à l'action et tenter de les convaincre, le cas échéant, d'arrêter le travail. Néanmoins, cette fois, un huissier et des policiers armés attendaient les cheminots grévistes pour leur signifier l'ordonnance du tribunal de 1ère instance de Bruxelles, suite à une requête unilatérale d'Infrabel. Cette ordonnance interdisait à quiconque de pénétrer dans les cabines de signalisation de Bruxelles-Nord, Midi et Central.

Le rapport du Comité européen des droits sociaux

Alors, je sais, les droits sociaux sont pas forcément la tasse de thé des libéraux mais n’empêche ce rapport de 2011 il indique que le recours aux requête unilatérale heurte l’équité procédurale dans la mesure où les organisations syndicales n’ont pas la possibilité de faire valoir utilement leurs points de vue. Le risque étant que le droit de grève devienne plus restrictif que ce qui est nécessaire pour protéger les intérêts légitimes de l’entreprise et des travailleurs non grévistes. 

Une entorse au droit de grève mais pas seulement … 

En effet par cette requête unilatérale, c’est la sécurité des cheminots et des voyageurs qui ont été mises à mal. Ainsi, en imposant à des agents de tirer des trains plus de 16 heures alors qu’ils ne peuvent le faire que maximum 8 heures, on a sans doute frôlé la catastrophe. Il était irresponsable de demander à des travailleurs de travailler dans des conditions telles que celles-là avec seulement deux agents sur treize qui étaient en cabine.

2 simples questions à Mme Galant

  • Comment faire pour faire respecter à l’avenir le droit de grève des cheminots ?
  • Souhaitez-vous que chaque préavis déposé soit suivi de telles réactions de la part des responsables de la SNCB, d’Infrabel et d’HR au risque de crisper la concertation et d’augmenter le nombre de grèves sauvages mais aussi de mettre à mal la sécurité des passagers et des travailleurs dans le cadre de ces mouvements de grève ?

La « réponse » est sans appel …

« Infrabel n’entend nullement limiter le droit de former des piquets de grève ou le droit de grève tels qu’ils sont reconnus dans le droit positif belge. Infrabel veut uniquement empêcher que des piétons circulent sur les voies pour des raisons fondamentales de sécurité. »

Autrement dit, Infrabel pourra continuer, à l’avenir, à malmener le droit de grève des cheminots, leur sécurité ainsi que celle des voyageurs. 

Un peu étrange pour une Ministre qui voulait pourtant rendre leurs lettres de noblesse aux cheminots et faire de la sécurité sa priorité … non ?!?